Un nouveau géant de l’immobilier : NEXITY

 

 

Dans quelques jours, les actionnaires de NEXITY seront appelés à approuver une opération qui va modifier singulièrement le paysage des activités immobilières.

 

Les Caisses d’épargne monteront à 38 % dans le capital de NEXITY

Elles apporteront en contrepartie 25 % du Crédit Foncier, et plus particulièrement son pôle d’agences immobilières et de cabinets d’administration de biens, qui comporte notamment Keops, Arthur l’Optimist et Lamy.

 

Les ambitions de NEXITY s’étendront à tous les domaines de l’immobilier mais nous limiterons nos brèves observations au secteur de l’administration de biens et plus particulièrement de l’administration des copropriétés.

Dans ce domaine il semble que FONCIA conservera la première place mais NEXITY conservera le leader dans son point de mire. Les deux groupes auront ainsi la main sur une grande part de l’administration de biens en France. FONCIA est déjà solidement implanté dans plusieurs nations européennes ? A terme proche, c’est le marché européen qui sera en cause. Il n’est pas impossible que la concurrence entre les deux groupes se poursuive également dans le monde méditerranéen, au Maroc par exemple

 

Quelles peuvent être les conséquences de cette course au gigantisme pour les principaux intéressés : les copropriétaires et les locataires ?

 

Tout dépendra de la conception qu’auront les dirigeants de la fonction de gestionnaire et de son mode d’exercice.

Au mieux, ils rechercheront les moyens les plus appropriés pour joindre la fourniture de services de bonne qualité à une rentabilité satisfaisante de l’activité. Doit-on évoquer d’emblée le problème de la quadrature du cercle ? Ce n’est pas évident, mais il est vrai qu’il y aura fort à faire pour ce qui est de la gestion des copropriétés.

Au pis, l’exigence d’une rentabilité de haut niveau l’emportera et les groupes useront de leur puissance pour s’affranchir d’un certain nombre de règles et d’obligations au détriment de la « clientèle ».

 

On peut s’interroger sur la pérennité de certaines institutions traditionnelles de l’immobilier et tout particulièrement les organisations professionnelles et les organismes de formation.

Dans le domaine de la formation, on a constaté depuis plusieurs années l’apparition de « formations-maison » dont la qualité n’est pas contestable mais qui présentent l’inconvénient d’être fortement marquées par la politique « commerciale » du groupe initiateur. Un nouvel avatar est l’apparition de formations assurées par des organismes de documentation et sanctionnées par des « certificats » qui seraient appelés à prendre le pas sur des diplômes officiels. Ici encore la qualité de la formation n’est pas contestable.

Puisque l’heure de la coopération entre les Universités et les professionnels semble avoir sonné, il serait sans doute opportun de suivre l’exemple ancien de la coopération entre le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et l’Institut de la construction et de l’habitation (ICH)  pour sauvegarder l’homogénéité et l’objectivité, en un mot l’indépendance de la formation aux métiers de l’immobilier à tous les niveaux. Il faudra alors gérer avec prudence la pratique des financements de chaires !

 

En présence de ces mastodontes, pourra-t-il rester une place pour les administrateurs de biens indépendants ? Il ne faut pas seulement l’espérer, mais tout faire pour qu’une réponse affirmative puisse être donnée. Les grands groupes eux-mêmes y trouveront l’avantage d’éviter le risque d’une exploitation monopolistique.

Une réforme favorable au développement futur des indépendants serait de reconnaître à la gestion locative du bien d’autrui un caractère purement civil comme c’est le cas pour l’activité de syndic de copropriété. L’assimilation de l’administrateur de biens à un agent d’affaires est de nos jours périmée. L’agent immobilier seul exerce une activité marchande.

Le développement d’une branche libérale de l’immobilier n’est pas inconcevable.

 

 

 

 

 

Mise à jour

03/07/2007