Endettez-vous !

 

 

 

Est-il scandaleux de pronostiquer la multiplication relativement prochaine des situations de surendettement due aux incitations multiples à l’accession à la propriété ?

 

On annonce dans la presse la mise en place à Marseille du « Chèque premier logement ». Le dispositif est mis en place par la ville, la Caisse des dépôts et consignations, les banques et les promoteurs, dans le cadre d’une convention de partenariat.

Il a pour objet d’améliorer la solvabilité de certaines familles par le truchement de subventions accordées par la ville et une banque. Le montant de la subvention sera de l’ordre de 7 500 € dont 3000 à la charge de la ville. Il sera modulé en fonction de la composition familiale.

On peut penser que la « subvention » bancaire sera remboursable mais, en admettant même le contraire pour les besoins de la discussion, on peut se demander si les incitations de ce genre, initialement approuvées à grands vivats comme allant dans le sens du social, n’auront pas pour effet d’expédier une partie au moins des bénéficiaires dans d’horribles impasses.

Ce sera le cas notamment lorsque le bien acquis est un lot de copropriété. La rigueur des règles de préfinancement des charges ne laissera même pas aux familles incapables de payer tout à la fois les échéances du prêt, les charges de copropriété et les fournitures de première nécessité, la liberté de négocier des facilités de paiement. Les sinistres financiers s’étendront rapidement aux copropriétés elles-mêmes, à leurs fournisseurs et prestataires de services.

 

L’instabilité de l’emploi, les mutations les plus régulières, le coût croissant des trajets « domicile-travail », le nomadisme des entreprises, et bien d’autres facteurs paraissent pourtant exiger que l’effort principal porte sur le développement d’un parc locatif approprié et sur l’adaptation des règles juridiques de ce secteur immobilier aux exigences de l’évolution économique, serait-elle contestable.

 

Dès maintenant les syndics de copropriété se trouvent fréquemment coincés entre le nécessaire abondement de la trésorerie syndicale et des situations individuelles dramatiques. On peut légitimement craindre l’augmentation du nombre des cas sociaux et celle des difficultés de gestion des copropriétés, au moment où un effort certain est fait pour la résorption des « copropriétés en difficulté ».

 

Nous n’avons aucune prétention politique ou économique, mais il n’est pas interdit de pronostiquer de grandes difficultés pour certaines catégories de syndicats et la nécessité alors d’une grande force d’âme pour les syndics confrontés à ces difficultés.

 

Pas d’égoïsme des copropriétaires déjà en place dans tout cela. Simplement une observation objective de la situation et une crainte pour son évolution, si l’on ne parvient pas à mettre en place un secteur locatif raisonnablement ouvert aux différents besoins de logement décent, sans pour autant que soit abandonnée une politique saine d’accession à la propriété.

 

 

 

 

Mise à jour

04/12/2006